AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Ddin amcum ou la dette insensée

Publié par Idir AIT MOHAND ou Matricule S/5341 sur 7 Juin 2014, 18:04pm

Catégories : #Mes articles

 

Le 28 septembre 2008, je postais ici-même mon message de bienvenue aux visiteurs qui viendraient s’échouer sur cet espace dédié à mon village natal (lien). Qu’en est-il six ans après mon intrusion dans ce monde du virtuel ? Rien de bien particulier, sauf que je me suis acquitté d’une dette qui pesait lourdement sur moi.

Le titre ci-dessus n’est pas fortuit, je l’ai choisi pour compléter une série de textes que j’ai semés ici et là avec l’espoir d’être lu et compris. C’est un peu comme un cri que j’ai lancé du haut du Djurdjura pour me libérer d’une dette morale liée à un devoir de mémoire.

Ayant hérité d’un passé riche d’un savoir-faire que mes aïeux m’ont transmis oralement, je me suis senti redevable d’une dette dont je devais m’acquitter bien malgré moi. Ce legs d’un genre particulier, je l’ai ressenti comme un impératif à faire connaitre des générations futures afin que les souffrances subies par mes aïeux ne sombrent pas dans l’oubli.

Mais, comment faire pour me débarrasser de ce « Ddin Amcum », m’étais-je demandé avant de plonger dans les méandres d’un Web, faisant une « blague » par intrusion à Ben Mohammed dans ce monde parallèle où se croisent les stars de tout gabarit, mais aussi de simples figurants comme moi.

Ahya Ssimra ! Avais-je l’habitude de lancer quand quelque chose ne va pas dans ma tête. Cette expression du terroir de Kabylie, signifie l’exaspération d’un sentiment de douleur, et c’est aussi ce titre que Noufel Bouzeboudja a choisi pour son recueil de nouvelles en Tamazight. Je n’écris ni par plaisir, ni pour le plaisir, j’écris parce que j’ai mal, dixit Djaffar Messaoudi notre médecin/poète de campagne.

Oui, j’avais quelque chose à dire afin d’évacuer les maux qui me rongeaient au plus profond de moi-même. Pour cela, il me fallait utiliser des outils qui me faisaient défaut. Je ne pouvais pas me servir de ma truelle de maçon ou d’autres outils de bricolage pour dire mes mots. Je ne pouvais pas, non plus, utiliser ma voix pour crier à qui veut m’entendre que j’étais accablé par une dette comme celle que vient de chanter Lounis Ait Menguellat (lien).

Par conséquent, il ne me restait qu’une seule voie et pas des moindres, celle d’apprendre à écrire, à utiliser l’outil informatique, et enfin à m’autoéditer pour régler l’emprunt auquel j’étais astreint.

Donc, d’épisode en épisode, j’ai réussi à me délester du poids de ma dette et pas seulement. En effet, j’ai appris qu’il suffisait de quelques lectures pour comprendre ce qu’est « Ddin amcum » qui n’existe que par la grâce de ses créditeurs et débiteurs pris dans un même piège.

Ce 215ème article est la dernière lettre de change que je règle comme solde de tout compte à tous les bailleurs qui profitent de la crédulité des pauvres gens pour les charger d’un fardeau dont ils se débarrasseront qu’après le trépas.

 

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