AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Une machine à remonter le temps

Publié par Idir AIT MOHAND ou Matricule S/5341 sur 13 Février 2016, 17:23pm

 

Depuis ma migration forcée, je n’ai rien publié sur ce blog qui a pourtant une bonne visibilité sur la toile. Il me prend envie de reprendre la barre et aller voguer au gré du vent. Qu’importe où ce vent me mènera, pourvu que je quitte cette berge à laquelle je suis ancré depuis le 28 avril 2015.

Vous m’avez compris, larguer les amarres ne demande aucun effort, il me suffit juste de réfléchir un peu pour trouver un petit texte à publier afin de casser la routine.

Je vous invite donc à m’accompagner dans ma randonnée à travers les chemins escarpés du Djurdjura pour vous faire découvrir un lieu magique exclusivement réservé à quelques personnes hors du temps.

Pour faire ce voyage qui est à la portée de tous, il faut posséder un sixième sens et être capable d’entendre le silence, de voir l’invisible, de sentir l’inodore, de goûter l’amertume et de toucher une ombre. Toutes ces formalités peuvent être remplies par tout un chacun et accéder ainsi au royaume des fous.

Oui, il faut être fou pour entreprendre une longue marche tout au long des sentiers tortueux du Djurdjura afin d’atteindre un massif qu’il faut escalader jusqu’au sommet où se trouve l’endroit magique.

Mais, ne dit-on pas que le meilleur remède pour un fou, c’est la marche ? Qu’importe donc la fatigue puisque au bout, la récompense attend le visiteur de ce lieu sacré accessible seulement aux initiés.

Là-haut sur la montagne, il ne l’était pas ce vieux chalet chanté allègrement, mais une machine à remonter le temps. Il suffit d’y prendre place et de fermer les yeux pour embarquer vers les plus beaux moments de la vie que l’on ait eu à vivre et y faire des haltes avec un plus d’options au choix.

Ainsi, on a le loisir de revivre par exemple un moment de bonheur que seuls les poètes et les romantiques peuvent décrire. Il ne s’agit pas d’un rêve éveillé, mais d’une réalité que les deux amants vont vivre pendant un long moment pour se dire les mots les plus mielleux du monde grâce à cette machine.

L’atmosphère qui y règne en cette belle matinée de printemps est trop belle pour les deux tourtereaux qui s’installent sous un cerisier. Le gazouillis des oiseaux, l’herbe, les fleurs, les arbres, les délicieux fruits, tout y est pour inciter les deux amoureux à aller au-delà des mots dits avec finesse.

C’est en pleine saison des cerises qui se font cueillir avec la bouche. Les branches du jeune cerisier, nourri à l’air pur du Djurdjura, sont tellement chargées de fruits qu’elles effleurent l’herbe. Puis le bien-aimé dit à sa bien-aimée en cette matinée bénie par les saints des lieux :

Veux-tu me prendre pour époux ?

Et elle lui répond : Tu sais très bien que je suis entièrement à toi pour la vie, et pour te prouver mon amour, je m’offre à toi dès maintenant, simplement pense à notre lune de miel…

Que de fantasmes retrouvés grâce à cette fabuleuse machine qui n’exige de son pilote que quelques grammes de folie pour mener à bien sa mission.

Oui, il faut être fou pour aller au-delà du bonheur et vouloir demander l’impossible, tel cet autre adepte qui, grisé de bien-être, a mal fini dans sa machine car l’époque est mal choisie pour y faire une halte et se lâcher dans un rêve qui se transforme en un cauchemar.

Lui, qui n’a pas bougé de sa place à l’ombre d’un olivier, ses bouteilles vides à ses côtés, ouvrit les yeux après son rêve et se rend compte qu’il avait trop bu et que la nuit commence à tomber.

Son regard pointé vers les branches de l’olivier, il tente de sortir de sa torpeur en voulant se relever, qu’une godasse puante lui écrase sa poitrine et le remet dans sa position initiale. Il a en face de lui deux énergumènes avec leurs barbes hirsutes et leurs tenues de sanguinaires sortis tout droit de la forêt.

Pendant que le barbare l’écrase de son pied, l’autre sort son poignard à la manière des bouchers d’autrefois ou ceux de maintenant, c'est pareil…

 

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