AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Les semeurs du bien et du mal

Publié par Idir AIT MOHAND sur 30 Mai 2009, 09:43am

Catégories : #Mes articles

Dans son concept du monde parfait, la créature humaine est à l’origine de tous ses malheurs. D’après les livres, le premier homme sur terre, fut chassé du paradis avec son épouse, première femme descendue sur terre. Leur fils aîné, jaloux de son frère cadet, commit le premier assassinat ici bas. Bien qu’ils n'étaient que quatre personnes à partager l’espace infini de ce bas monde, il leur fallait le restreindre à trois comme si une personne était de trop.

Ceci étant un fait qui nous dépasse mais qui nous conduit à penser qu’en chacun de nous sommeille le bien et le mal, deux éléments innés que dame nature a pris soins de bien programmer d’avance. Ces deux facteurs sont comme des tares sur une balance qui peut pencher d’un côté comme de l’autre, et c’est seulement le poids qui fait la différence.

Je ne crois pas qu’il puisse exister une seule personne au monde, normalement constituée, qui n’a pas souhaité le bien ou le mal à autrui, ne serait-ce qu’une fois dans la vie. Ces deux antagonistes vont du souhait le plus petit à l’infiniment grand, allant jusqu’au désir de voir anéantie toute une partie de l’humanité. Pour ce qui est du bien, c’est autre chose, la formule est tributaire de la conscience de l’individu. Il serait utopique de vouloir du bien à l’humanité entière, sachant ce qu’elle est.

Qui sème le vent, récoltera la tempête, dit le proverbe que tout le monde connaît. Les exemples sont légions et ils ont démontré que si on ne récolte pas soi-même ce qu’on a semé, c’est la descendance qui en fera la moisson. Dans notre région rurale, on a tendance à dire que les bonnes ou les mauvaises actions sont un dû qui nous est retourné en multiple. De même, en ce qui concerne la malédiction qui se transmet de père en fils comme un héritage, à moins qu’un des descendants ne décide d’y mettre fin par son comportement.

Les adages et autres maximes nous apprennent que celui qui fait du bien ou du mal, c’est sa progéniture qui en récoltera les dividendes. On raconte aussi, qu’une personne malintentionnée se référa à ce précepte pour tendre un piège à son prochain. Puisque, comme on l’a dit, c’est son descendant qui se fera prendre, lui-même n’étant pas marié, donc pas d’enfant, il n’hésita pas à poser un traquenard puis partit tranquillement. Quelques temps plus tard, le voici sur le même chemin où il avait placé son guêpier et se fit prendre sur le champ.

A l’arrivée des secouristes, il hurlait de douleur et répétait qu’on l’avait trompé quant à l’issue de l’adage. Quelqu’un parmi le groupe, lui fit savoir que l’adage est toujours valable et que s’il est tombé dans son propre guet-apens, c’est parce que celui-ci n’est, en réalité, que celui que son père avait tendu autrefois au même endroit.

Le bien et le mal sont deux forces de sens contraire et au centre la personne comme point d’application. Si les deux forces se valent, ça ne bouge pas, il n’y a ni bien ni mal et celui qui reçoit ça, est perçu comme étant un bon à rien. Encore une référence faite au proverbe : Etre bon à rien, c’est n’être bon qu’à soi-même. Ce jeu de l’esprit incite l’une des forces à tirer d’un côté ou de l’autre selon le rapport qui des deux l’emportera.

A l’exclusion de l’enfant ou du déficient, encore innocent, chez qui cet affrontement n’existe pas, toute autre personne est imprégnée de ce sentiment naturel. C’est dire, qu’il ne reste plus qu’un souhait à émettre face à ce legs : celui de prier pour que le mal qui sommeille en nous ne puisse jamais se réveiller.

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