AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Au baroudeur de la Liberté

Publié par Idir AIT MOHAND ou Matricule S/5341 sur 25 Juin 2012, 15:00pm

Catégories : #Mes articles

Que n’a-t-il pas dit à qui veut écouter son message qu’il tente de faire passer afin d’éveiller les consciences de ses compatriotes. Que n’a-t-il pas chanté pour mieux faire passer son discours qui, pour beaucoup de ses concitoyens, n’est qu’un moyen pour le barde de parvenir à quelques fins utiles et dominantes chez l’individu. Que n’a-t-il pas semé comme paroles aux quatre vents dans l’espoir d’un retour d’écho pour réconforter l’artiste dans sa fibre troubadouresque.

Oui, il a tout dit tout au long de son œuvre qui, par un jour béni des gardiens des lieux sacrés, il fut inspiré par un air nouveau qui souffla sur sa colline et chanta la mélancolie de la séparation. Avec son regard d’un éclairé précoce, il venait de signer son premier succès qui ouvrit la voie à toute une pléiade d’artistes qui s’engagèrent dans la chanson moderne au début des années 70. Depuis, que de chemin parcouru par la chanson kabyle, principale ambassadrice de notre culture millénaire.

Quel bel hommage que celui rendu à cette cause par les nombreux artistes qui ont chanté la liberté sous différentes formules. Parmi ces nobles militants de la paix qui ont choisi d’exprimer leur refus à la soumission et à la servitude, il y a celles et ceux qui ont osé dire leurs mots sans détour, et il y a celles et ceux qui ont dit leurs mots avec des métaphores. Dans le premier cas, l’artiste sait qu’il risque sa vie pour avoir dit les mots qui fâchent et dans le second cas, l’artiste ne prend pas de risque, il s’exprime donc dans un message codé. Cette formule est un stratagème qui peut lui valoir les applaudissements de ceux-là mêmes qui ne donneraient pas cher de sa peau s’ils apprenaient le fond de sa pensée.

Je l’écoute et j’imagine une belle journée de printemps inspirant notre aède qui se lâche avec sa guitare dans mille et une fleurs pour chanter la vie d’une rose.

Je l’écoute et j’imagine une nuit d’été avec son clair de lune faisant un câlin aux collines parsemées de villages tels des chapelets phosphorescents qui font des clins d’œil à notre poète.

Je l’écoute et j’imagine une balade en automne dans les champs où notre ciseleur, au sens le plus large du terme, aime se ressourcer et retrouver ainsi ses racines profondes.

Je l’écoute et j’imagine les longues nuits d’hiver et ses journées de mauvais temps quand le barde s’adresse au brouillard comme l’a fait Yahia (l'artiste méconnu d'Ait Saada) dans sa complainte.

J’écoute et je lis la tristesse de ces personnes éprises de liberté et de paix face à l’injustice des hommes qui a encore de beaux jours devant elle pour sévir.

On peut écouter et imaginer tout ce qu’on veut, y compris le mensonge parvenu jusqu’ici par la force du vent qui refuse de livrer ses secrets.

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